CONTRIBUTION
Des présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais, seul Senghor
semble avoir véritablement mis en place une politique de développement culturel.
Celle-ci reposait
sur le diptyque « enracinement » (dans les valeurs traditionnelles
ancestrales) et « ouverture » (au
dialogue fécond du monde). Senghor considérait la culture comme la source qui doit
inspirer individuellement et collectivement la pensée et l’action des
sénégalais. Il avait mis en œuvre des stratégies qui s’articulaient autour de
la diplomatie culturelle (la culture, pilier central de notre diplomatie),
la création d’institutions (Ministère de la Culture en 1966, etc.), la
formation des ressources humaines, la construction d’édifices culturels (musée
dynamique, théâtre Sorano, …), du « mécénat
d’Etat » (patrimoine privé artistique de l’Etat), de la décoration des
bâtiments publics (loi du 1%), de l’aide aux artistes (Fonds d’aide aux artistes et au développement de la culture,
etc.).
Après Senghor, les effets des crises économiques des années 80 ou de
« guerre idéologique » (Désenghorisation) auraient amené son
successeur, le président Diouf à déclasser la culture des priorités de l’Etat. C’est
à partir de cette période que les initiatives privées sont encouragées ;
la coopération culturelle décentralisée également. Quand après dix ans de règne
de Diouf, Wade arrivait au pouvoir au soir du 19 mars 2000, le Sénégal allait
renouer avec la politique interventionniste de l’Etat. Elle était basée sur la
construction d’édifices culturels de prestige dans le cadre des Grands projets
culturels du Chef de l’Etat. A ce niveau, Wade semblait un peu proche de
Senghor sauf que ces grands projets souffraient d’un défaut de conception, conceptualisation et planification.
Aujourd’hui, nous en sommes encore à nous poser la question à savoir si la culture a sa véritable
place dans la politique de développement national. Le chemin du véritable
développement ou « Yoonu Yookuté » que l’actuel président Macky Sall a
proposé aux sénégalais, reste muet à ce sujet. Et les propos recueillis auprès de
son Premier Ministre, lors de sa déclaration de politique générale, laissent croire
qu’en lieu et place d’une vision, il n’a que des « intentions » pour
le moment.
De la nécessaire vision en matière de politique de développement culturel
!
D’« efficience et
d’efficacité », nous en attendons beaucoup pour l’essor du secteur
culturel. Depuis 1981, début de la fin de l’ère senghorienne, ce secteur souffre
d’un manque de vision de la part des pouvoirs qui se sont relayés à la tête de
l’Etat.
Les problèmes de crise
internationale (détérioration
des termes de l’échange, inflation) et nationale (rupture des équilibres
macroéconomiques) avaient contraint le régime de Diouf à adopter une politique
d’austérité basée sur des programmes d’ajustement ayant déclassé la culture de
ses priorités. Longtemps et jusqu’ici citées pour
expliquer nos contre-performances, il faut reconnaître que les difficultés économiques
ne sont pas des particularités sénégalaises. Elles ne sont pas opposables à des
pays comme le Burkina, le Ghana et le Mali.
Sur le plan culturel, ces
pays sont en train de réaliser de grandes performances en matière de tourisme
culturel, de production cinématographique (surtout avec la vidéo quoique
décriée par les nostalgiques des films béta), de production de statistiques
culturelles, d’organisation d’événements culturels, de présence sur la scène
artistique mondiale …
A un
moment donné de leur histoire, ces pays ont fait preuve de réalisme dans la
définition et l’orientation de leurs politiques culturelles nationales. En plus
d’être fondée sur une vision globale du développement, ils les ont inscrites dans
le temps et dans l’espace avec les ressources humaines, financières et
matérielles conséquentes.
Ils
ont compris qu’il est devenu illusoire de penser le développement d’un pays par
simple transposition de politiques et sans que celles-ci ne prennent en compte
l’histoire et les valeurs propres à ce pays. Qu’il n’existe pas de modèle
standard de développement, pouvant être appliqué partout. Que les réformes
conduites dans un tel cadre doivent s’intégrer mélodieusement par leurs
modalités concrètes dans le contexte politique, social, économique et culturel dudit
pays.
Au-delà
des ouvertures possibles, les politiques que notre pays entreprend doivent être
absolument jalouses de notre passé, de nos valeurs et de nos réalités socioculturelles traditionnelles…
pour leur ancrage.
De la réponse au désert culturel galopant !
Depuis les
indépendances, la plupart des infrastructures et initiatives culturelles sont
concentrées dans la région de Dakar. Cette situation a créé un déséquilibre
notoire entre la capitale et le reste du pays. Pourtant sous le Président Senghor, Dakar ne devait
être que la première étape d’un vaste programme de création d’institutions
culturelles qui devaient avoir leurs appendices dans les régions et les
départements.
Ecole nationale
des Arts, Théâtre national Sorano, Galerie nationale, Grand théâtre national,
Maison de la Culture, Monument de la renaissance africaine, Place du souvenir
africain, « parc culturel : Musée des civilisations noires, Maison de
la musique »,… Biennale de Dakar, Rencontres cinématographiques de Dakar,
journées nationales ; autant d’infrastructures et de manifestations
culturelles nationales qui sont toutes localisées à Dakar. Les seuls édifices des
régions de l’intérieur sont constitués des centres culturels mal équipés, souffrant
de personnel, de moyens financiers et d’espaces d’animation adaptés.
Ce déséquilibre a
été également accentué par la faible implication des collectivités locales dans
l’effort d’investissement culturel mais aussi de promotion culturelle.
Entre autres défis du secteur, l’application
de la loi 96-07 du 22 mars 1996, portant transfert des compétences culturelles
aux collectivités locales. Instituée pour rendre accessible la culture aux
populations, cette disposition n’est pas encore une réalité dans les collectivités
locales. Idem pour les conclusions des assises nationales de la
décentralisation tenue en novembre 2007. Celles-ci devaient instaurer une
concertation véritable entre les principaux acteurs de la décentralisation (Etat,
collectivités, populations et partenaires). Leur mise en œuvre aurait sans
doute permis aux collectivités d’aller vers la résolution des difficultés liées
à : l’autonomie financière, la modestie des instruments de soutien
financier, la qualité des ressources humaines, l’absence d’un véritable projet d’aménagement culturel du territoire, la
responsabilisation-participation des populations, l’absence de
contractualisation avec le Ministère de la Culture et le défaut d’articulation
dans les interventions des collectivités, les institutions d’appui au
développement avec les orientations du Ministère de la Culture.
Ce sont de
sérieux défis qu’il fallait relever avant la réforme « Acte 3 de la
décentralisation ». Elle souffre d’être élaborée
et conçue à l’insu des populations au profit de qui elle est entreprise.
Le principe fondamental lié à la
participation-responsabilisation des populations n’a pas été respecté. Au-delà
des emprunts possibles (bizarre coïncidence avec le démarrage de l’acte 3 de la
décentralisation en France), cette réforme ne doit pas s’éloigne pas du passé,
de l’histoire et des réalités socioculturelles de nos terroirs.
Le développement
local ne doit pas se concevoir en dehors des populations. L’Etat comme les élus
locaux ne doivent pas évoluer à la périphérie des attentes et préoccupations de
celles-ci ; « ils doivent avoir une position de serviteur et non de
dirigeant » comme disait SEBAHARA Pamphile dans « Acteurs et enjeux de la décentralisation et
du développement local, expériences d’une commune du Burkina Faso » dans
une étude du Centre européen de gestion des politiques de développement.
Du respect de la diversité de nos composantes et expressions culturelles !
Si nous
concevons la diversité culturelle comme la constatation et la reconnaissance de
l’existence de différentes cultures nécessaires, nous pourrons aisément
comprendre qu’il soit impératif de la sauvegarder et de la promouvoir. Cette
action vise à consacrer les conventions (2001/2005) sur
la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Ces
instruments juridiques internationaux orientent les politiques nationales vers
la reconnaissance et la valorisation des savoirs traditionnels, les systèmes
de connaissance de nos populations.
C’est
pourquoi nous trouvons intéressant, le programme de promotion de la diversité
culturelle, entrepris par le Ministère de la Culture depuis mars 2013. Quand
bien même déroulé dans un contexte socioprofessionnel (renvois d’agents
contractuels, salaires des animateurs culturels contractuels impayés, etc.) et
des conditions organisationnelles difficiles, il contribuerait au développement
culturel local.
S’inscrivant
dans
ce qui est appelée par le Chef de l’Etat « actions de territorialisation
des politiques publiques », ce programme revêt une importance particulière
à cause de valeurs dont il est porteur. Par l’identification,
la sélection, l’exhumation et la diffusion des expressions et produits culturels
des terroirs, il contribue au renforcement de la cohésion sociale locale voire
nationale. Par la connaissance, la reconnaissance, l’acceptation et la prise en
charge de la diversité de nos composantes et de nos expressions culturelles, il
participe à la valorisation et à la sauvegarde des identités culturelles
auxquelles notre peuple doit s’identifier.
Ainsi, en le structurant
et en mettant les collectivités locales au cœur du processus de réalisation, le
Ministère de la culture contribuerait à sortir une bonne partie des régions du
Sénégal dans ce que le Professeur Omar NDAO qualifie de « désert
culturel » ; conséquence de l’absence véritable de politiques d’aménagement
culturel du territoire et de décentralisation de l’action culturelle.
A travers les
résultats issus de ce programme promotion de la diversité culturelle, le
Ministère de la Culture pourrait, en collaboration avec les collectivités
locales, envisager l’expérimentation du concept de « Villes
créatives », lancé par l’UNESCO.
L’idée serait d’accompagner
les régions ou les villes à baser leur stratégie de développement sur une ou
des identités culturelles fortes pouvant
leur permettre de promouvoir une économie locale. La sortie des masques
Bassaris de Kédougou ; la chasse rituelle de Diobaye à Fatick ; la
danse des masques du village de Ounck à Ziguinchor et des masques sogon de
médina bambara à Tambacounda ; les rituelles ludiques ou poétiques léboues
(régates, tuur, pambal, …) sont, entre autres, autant d’expressions ou produits
culturels qui pourraient alimenter cet esprit.
De l’apologie de l’économie de la culture !
Pendant
longtemps, la culture a été présentée comme un secteur improductif, un domaine
sans intérêt pour l’économie. Cette conception réduite de l’économie de la
culture a été portée, au 19ème siècle, par des économistes comme Jeremy
Bentham, John Stuart Mill. Ils reconnaissaient aux arts le mérite d’éviter l’oisiveté
et de fournir aux puissants une autre préoccupation que la guerre. Selon eux,
la culture n’avait de valeur qu’à la mesure du plaisir qu’elle donne.
D’autres comme
Keynes et William Jeavons (artiste et esthète en plus) pensaient le contraire.
Ils voyaient dans la culture (les arts) la possibilité d’enrichir la vie d’une
partie ou de l’ensemble de la population. Ils avaient raison car, aujourd’hui,
il est démontré que la culture possède une dimension économique propre et un
caractère de productivité qui reposent sur les industries culturelles. On parle
de l’industrie de la musique, du cinéma et de l’audiovisuel, de l’édition
imprimée (livre et multimédia).
Aujourd’hui, il n’est
plus question d’appréhender la culture comme une simple expression. Au-delà des
aspects affectifs, elle se conçoit comme ayant une valeur ajoutée sur
l’économie des pays. Le professeur Sidy
Seck, Conseiller aux affaires culturelles, actuel Directeur général des
Manufactures des arts décoratifs de Thiès disait, à travers un échange,
que : « s'il est vrai qu'on danse pour une finalité jouissive, on
danse également pour se réaliser, se développer économiquement ».
A ce niveau,
nous pensons que le rôle de nos centres culturels par exemple, ne devrait plus
se limiter à défouler ou promouvoir un groupe en leur faisant surmonter leurs
inhibitions. Plus que des lieux d’interactions sociales, de création
artistique, de sauvegarde d’artefacts, de répétitions, de prestations
culturelles, artistiques et littéraires, d’expositions, les centres doivent aider, amener les groupes à sortir des routines, des
reflexes de survie et des stratégies alimentaires à courte vue pour aller vers des
projets structurants et créateurs d’emplois.
L’actuel premier ministre Abdoul
MBAYE disait, lors de sa déclaration de
politique générale « l’intention » de son gouvernement
de « … faire de la culture, à la fois, un vecteur pour le rayonnement de
nos valeurs ainsi qu’un levier pour la croissance et la promotion économique et
sociale…, consentir davantage d’investissements structurants et accompagner les
initiatives du secteur privé, … la mise en place de mécanismes pour
faciliter l’accès aux crédits des porteurs de projets culturels… ».
Accompagner le
gouvernement à traduire ses « intentions » en actes dicte la révision
et le toilettage des missions traditionnelles dévolues aux services et
directions, chargé de l’administration culturelle. Ces actions s’imposent comme
une condition devant conduire les agents de conception (conseillers aux
affaires culturelles) et d’exécution (animateurs culturels et techniciens) vers
un changement de méthodes et d’attitudes. Nous concevons ce changement comme
une condition du changement attendu chez les créateurs, acteurs culturels,
partenaires, etc.
Nous le concevons
également comme devant passer par l’intégration d’agents d’autres corps de
métiers (spécialistes en
communication-marketing, gestionnaires, sociologues, juristes, anthropologues,
staticiens, …) pour un meilleur
profilage desdites méthodes et attitudes qui s’articulent autour de critères
gazes d’excellence : la conceptualisation, la projection, la planification
et l’opérationnalisation.
C’est un pari qu’il faudra nécessairement gagné, un défi à relever pour
convaincre les pouvoirs publics et les partenaires devant l’impérieuse
nécessité de créer un environnement propice à la promotion et au développement durable
des industries culturelles et de toutes créations d’œuvres d’art.
Le défi, c’est d’amener les actuels dirigeants à faire
preuve de réelle volonté politique en matière de culture en lieu et place des « intentions ». Ainsi, la Culture pourra
enfin retrouver sa place dans les politiques de développement national.
De l’efficience et du sérieux dans la gestion de nos institutions !
Entre 2000 et 2012, le Ministère
de la culture a été en proie à des bouleversements sans commune mesure. En
douze ans, le Sénégal a connu douze ministres de la culture ; soit une
moyenne d’un ministre par an. Cette situation a malheureusement mis le Ministère
de la Culture dans un état de désordre déplorable. Par des jeux d’intérêt et
d’alliance perfides, cette période a été mise à profit par certains de ses agents
pour exposer d’autres, aux compétences avérées, à des situations d’hibernation jusqu’à
présent entretenues.
Si le Ministère doit
trembler à chaque fois que les intérêts de politiques ou d’activistes culturels
sont en jeu, nous serons toujours dans une situation d’éternel recommencement
tel Sisyphe avec son rocher.
Si des erreurs de casting
sont toujours commises dans le choix des hommes devant présider et à la tête du
département et des services, directions ou sociétés culturelles, il est évident
que l’on ne saurait guère s’attendre à la stabilité qui sied pour le développement
du secteur.
Si, en lieu et place de la
compétence et du mérite, c’est le parrainage ou le favoritisme qui est érigé en
règle, l’on ne devrait guère s’inquiéter de l’immobilisme dans lequel certaines
de nos structures sont aujourd’hui. La problématique qui nous paraît émerger,
ici, est la recherche de la loyauté, de la compétence-performance comme
alternatives au « groupe de complot » qui, dans un jeu de paranoïa,
perçoit les autres comme une menace potentielle pour ses vils acquis ou
privilèges.
Dans un article
du journal en ligne « Le populaire », paru le vendredi 30 Mars 2012,
l’artiste rappeur Duggy Tee, comme dans un cri de désespoir, interpellait le
Chef de l’Etat en ces termes : « Monsieur le Président, je vous demande au
nom de toute la culture Sénégalaise, si riche et si belle, mais pourtant
agonisante par la faute de certaines personnes incompétentes et lobbys, de bien
vouloir nous doter de structures… Soyez pointilleux sur le choix de nos
responsables. Certaines choses ne doivent plus se répéter… Les usurpateurs qui
prétendent agir au nom de la culture,…qui s’enrichissent sur nos dos, nous n'en
voulons plus… il est temps de tout réorienter dans le secteur culturel et de
rappeler à tous les acteurs, indépendants, privés et surtout fonctionnaires de
l'Etat, leurs obligations et leurs droits… ».
Des ruptures nécessaires !
Le secteur culturel a besoin
d’un sérieux travail de réhabilitation qui passe par certaines ruptures nécessaires.
Ruptures avec les « tendances folklorisantes », entretenue par le politique
lors des meetings ; par une certaine catégorie d’animateurs de télévisions et
radios qui n’ont aucune notion de la critique culturelle ; par les artistes qui
n’ont ni démarche artistique ni plan de carrière et pour qui, le talent
seul suffit ; la pauvreté des contenus programmatiques de la plupart de nos
médias ; le culte du dévergondage sexuel véhiculé dans les clips, soirées
et autres événements dits culturels sous « l’œil impuissant, coupable ou
non averti » des commissions nationale de régulation de l’audiovisuel et
de censure.
Le caractère public d’une fonction
dicte la rupture avec les postures entretenant la reproduction de modèles de
gestion patrimoniale. Il invite au partage dans la gestion de dossiers impliquant
des structures aux missions à la fois séparées et liées ; d’où la fin des « chasses
gardées » et le cumul immoral de fonctions publiques. Il appelle la
définition de plan de carrières mais surtout le respect des conditions sociales
des travailleurs. Imaginez un seul instant qu’à la fin du mois qu’on dise aux
fonctionnaires : il n’y a pas de salaires !
Si le salaire du contractuel
peut attendre et non celui du fonctionnaire, c’est parce qu’il y’a problème.
Nous devons rompre avec cette pratique qui consiste à se réfugier derrière les
histoires sournoisement orchestrées de « problèmes d’engagement », de
« ruptures ou fin de budget », de « problèmes de
liquidités », de « longues procédures » pour expliquer les
problèmes de salaires des contractuels. Qu’en-est-il des principes de
prévision/planification. Quand, pour des plaisirs secondaires, un Ministre ou sa
cour veulent, le ciel et la terre (les directions et les services) sont remués
et, des solutions sont vite trouvées. Pourquoi ne devrait-on pas en faire
autant ou peu pour des agents (animateurs culturels contractuels et autres) dont
la dignité et la loyauté n’ont pas été entamées par des fins de mois sans
salaire. A supposé que le principe de la continuité de l’administration ne soit
plus de mise, que les sus nommés ne soient pas en règle (ce qui est
complètement fallacieux), le plus petit
brin d’humanisme aurait dicté de l’autorité mais aussi des directeurs et chefs
de services le règlement de cette malheureuse situation. Le seul critère qui
caractérise l’homme de culture c’est son l’humanisme.
Des ruptures sont aussi
attendues chez les agents. Ils sont à la fois « obstacles » pour leurs
peurs, dérives, incapacités inavouées, ambitions démesurées et
« moteurs » par leur imagination, créativité-réactivité, recherche de
synergie constructive et compétences. A eux de réduire ce qui est obstacles ou s’en
affranchir et développer et valoriser ce qui est ressource comme disait Philipe
De Leener (Le changement personnel condition du changement social et politique,
1999).
Rupture avec les pratiques
qui amènent à penser sa sécurité intérieure par le contrôle de l’autre, la
calomnie, la concussion et la compromission. Certains croient que, bâtir leur
sécurité n’est possible que par la dévalorisation ou la disqualification des
autres pour de vaniteuses solitudes, matérielles et commercialisables. Par des positions structurées et responsables la personne doit
servir des principes, des invariants. C’est à ce niveau que se trouve le jeu
plein et loyal de sa mission.
Au-delà des missions
génériques dévolues à nos structures, il faut, sur la base de cahiers de charge,
exiger d’elles des résultats afin de réduire le laxisme mais aussi de
rationaliser et de justifier l’utilisation des ressources qui leurs sont
affectées.
La formation ou le recyclage
(non pas celui qui consiste malheureusement à vouloir faire des animateurs
culturels des gestionnaires ou comptables matières) des agents constitue une
problématique. Le secteur culturel est caractérisé par son dynamisme et celui
de ses
acteurs. Beaucoup d’enjeux s’attachent à son essor : économie de la culture, décentralisation
de l’action culturelle, lutte contre la pauvreté, territorialisation des
politiques, villes créatives, génie des territoires, etc. Ceux-ci dictent
l’établissement d’une politique d’éducation, de formation et de mise à niveau
permanente au sein de nos institutions.
La formation autorise l’atteinte de
profils de compétences générateurs de performances. Elle doit être un objet de conquête pour nous libérer de la
médiocrité, de l’immobilisme et des conjonctures perfidement orchestrées.
Elle doit être systématisée et les moyens y
attenants, mobilisés pour que les réponses, attendues du Ministère de la
Culture soient adaptées au défi des grands changements.
Une
pensée pieuse pour Mouhamadou TOP.
Que la terre de Pikine lui soit légère !
Abdoulaye SENE
Conseiller en Management et
entreprenariat culturels - 13ème promotion du Centre régional d’Action
culturelle (CRAC) de Lomé - Togo.
Email : satysene@yahoo.fr
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